Espagne mise à jour 25 juillet 2025

2 août 2025
fire

jeudi 25 juillet 2025

Aujourd'hui, cela fait exactement une semaine que Calypo Fado et ses environs étaient en feu. Tellement hallucinant quand je repense à quel point c'était terrible de devoir tout laisser derrière nous.

Depuis, Dirk a, tout le temps, été actif. En quatre jours, il a démoli la véranda à lui tout seul. Ensuite, il a traîné tous les produits de dégradation vers un conteneur que la municipalité avait mis à la disposition des résidents touchés et qui se trouvait malheureusement au bout de la rue. Ensuite, il a enlevé des deux côtés,  toutes les branches des arbres, des buissons ainsi que des haies qui avaient brûlé, de sorte que nous avons maintenant une vue libre sur les voisins et vice-versa... La réalité est que les chiens respectifs s'émerveillent les uns des autres et pas seulement cela, il y a aussi une « communication » dans les deux sens. Jusqu'à présent, aucun problème, mais bien sûr, cela ne peut pas durer par respect pour les voisins. En plus, sous ces conditions, aucun chien ne peut être stérilisé à la clinique car leur nombre monte parfois à 30 par jour et un multiple de cela. . Il n'y a donc qu'une seule solution, c’est d'ériger un mur car une haie met des années à atteindre la taille qu’avait la nôtre. Quoi qu'il en soit, la clinique a été épargnée mais est noircie par la fumée et pleine de suie. Les fenêtres donnant sur la véranda ont éclaté par la chaleur et l'intérieur de la porte est couverte d’écailles et de peinture fondue à la suite de la température intense. Ce n'est que maintenant qu’on peut voir à quel point le feu a été ravageur et à quel point le pauvre chien qui ne pouvait pas s'échapper a dû souffrir. C'était horrible, mais ça aurait pu être pire. Nous voyons ,à présent, que la clinique aurait pu brûler avec le chien dedans. 

La semaine prochaine, l'entrepreneur qui, par sympathie, veut nous aider avec  la reconstruction de la véranda / endroit de récupération, viendra jeter un coup d’œil car c'est un travail de spécialistes. Pendant ce temps, Dirk continue à enlever tout ce qu'il peut gérer. Lorsqu'il ne peut plus continuer, il vient se doucher est car il plus noir que le mineur le plus noir, mais ni le savon ni l'eau ne peuvent faire face à la suie qui lui colle à la peau. Dans le refuge, les travaux continuent également.  Je me demande si la suie est aussi indélébile chez eux que chez nous  ... En ce qui  concerne nous et nos chiens, ces derniers ont laissé le tout derrière eux, bien mieux que nous et observent, à la frustration de leur maître, avec intérêt les activités auxquelles ils contribuent parfois, en prenant des branches et des feuilles sèches qu'ils peuvent atteindre pour ensuite  les broyer  entre leurs dents... Ils sont ravis d'être réunis et se sont résignés au fait que JJ Hyppolythe est devenu un des leurs. Mais entre-temps, et ceci à la grande frustration d'Astrid, monsieur est allongé dans le canapé de cette bonne Astrid depuis près d'une semaine, et les derniers jours, même en compagnie de sa nouvelle amie Joséphine… Mais nous sommes ensemble et c’est ce qui compte, surtout après que nous avons été contraints de fuir, que nous avons eu peur de presque tout perdre et que nous avons fait l'expérience directe de ce qui est la réalité inhumaine pour beaucoup de personnes dans les zones de guerre. Une réalité causée et maintenue par des tyrans dominants. Nous avons eu de la chance...

Samedi 26 Juillet 2025

Aujourd'hui, tous les voisins ont mobilisé des membres de leur famille afin d’aider avec le déblaiement. 

Dirk doit se débrouiller avec moi... c'est-à-dire tout seul ... Quoique, pendant le sciage et l'enlèvement des grands arbres derrière la clinique et auxquels j'étais si attachée, les voisins viennent aider car derrière le terrain vague se trouve un conteneur qu'ils peuvent atteindre plus facilement que lui. Je passerai les premières heures auprès de mon époux pour enregistrer les grands changements pour la postérité. En plus de 20 ans, nous avons à peine vu les voisins, leur maison ou leur jardin. Dans mon cas, je leur ai à peine parlé. Après l'incendie, tout a, soudainement changé. Nous voyons 3 jardins plus loin et voyons où nous nous situons par rapport à notre environnement. De plus, la clôture de notre terrain a été mal placée et se situe, en fait, à un mètre de différence derrière et à côté de la clinique, de sorte que la véranda sera plus grande et le chemin menant au portail, plus large. Pas de problème pour notre voisin car il nous a fait remarquer que la clôture a été placée à notre désavantage (héritage des précédents propriétaires..). Pour la première fois depuis vingt ans, nous nous parlons, en tout cas moi parce qu'il connaît un peu Dirk.  Quelque chose a clairement changé, le choc et les dégâts conjoints ont rapproché les habitants de l'Avenida de Madrid. À ma grande surprise, ils sont solidaires parce qu'ils sont tous dans la même misère, et comme on dit, une souffrance partagée est à moitié une souffrance. Combien de temps faudra-t-il avant que tout le monde soit de retour derrière ses murs et ses clôtures, qui sait... Vers 18h00,  « Père Fouettard  » c.à.d. mon Dirk, s'arrête. Il est méconnaissable et épuisé. On le serait à moins… C’est pourquoi il prend la sage décision de demander à Rafa de venir l'aider, le lendemain. Ensuite et au grand mécontentement de la salle de bain et de la douche, il va se laver...

Dimanche 27 Juillet 2025

A 10h00 du matin, Rafa est là comme convenu et après avoir inspecté les lieux, ils se mettent au travail. La clôture est enlevée, puis c'est au tour des souches d'arbres brûlées et calcinées et de ce qui reste de l'ancienne haie dont les vieilles racines érodées sont comme des vignes âgées qui sont fusionnées avec celles du voisin ce qui ne facilite pas la tâche. Lorsque cette besogne a été en partie accomplie et que les voisins ont aidé à l'enlèvement, ils plongent dans les profondeurs et commencent à enlever les buissons et les arbres brûlés ainsi que les fougères et le bambou et le reste de la brousse sauvage qui a prospéré derrière la clinique et qui a probablement propagé le feu à la véranda. Ce sera une longue guerre d'usure que je visualiserai du mieux possible. Pas facile quand on sait que je n'arrive pas à bien garder mon équilibre en temps normal et qu’ici le sol est parsemé de plastique fondu « de ce qui était autrefois la véranda où des milliers de chiens se sont remis de leur stérilisation ». le sol est jonché de scies électriques, de marteaux, de tronçonneuses, de ciseaux, de souches d'arbres noires brûlées et calcinées, de bouteilles d'eau et de serviettes pour essuyer la sueur de ces messieurs etc… etc… il est impossible de garder mon équilibre et encore moins en filmant d'une main sans aucun point d’appui.

Au cours de l'après-midi, j'abandonne et, en tremblant, je remonte à l'étage où des kilos de suie m'attendent encore dans la maison. De la suie qui, à ma grande frustration et malgré le fait que je l'enlève tous les jours, s’abat élégamment, tous les jours, de nouveau sur nous. C'est ce qu'on appelle accomplir l'œuvre de « Sisyphe ». Les chiens qui, eux aussi, suivent attentivement les travaux à la clinique et aux environs, nous rappellent parfois, en se plaignant, qu'ils aimeraient aider et faufilent constamment leur nez entre les grilles en attendant avec impatience que je remonte « à l'étage ».  Ils veulent rentrer à l'intérieur car entre-temps il fait à nouveau 40 degrés ... Pourtant, ils n’ont pas trop chaud car, pour leur confort, la chaleur est combattue avec succès  à l’aide de 2 parasols, de 2 ailes de soleil, de 2 grands auvents et d’un ventilateur professionnel qui pulvérise de l'eau et apporte une merveilleuse fraîcheur sur la terrasse. Quoi qu'il en soit, une fois que c'est leur heure… on reconnait bien là des manières typiquement masculines... À 16h00, Dirk et Rafa jettent également l'éponge. Quand Rafa demande s'il doit revenir au soir, Dirk s’empresse de répondre «  NON !! » Et poursuit en disant qu’il ne fait pas la sieste pour recommencer quelques heures plus tard jusqu'à 23h00. Après tout, il n’est pas Espagnol de naissance... Il remercie Rafa et termine par « à demain », je demande rapidement si Maria peut aussi venir m'aider... L'entrepreneur qui devait venir jeter un coup d'œil, a envoyé son chat... Il viendra jeudi.

Lundi 28 Juillet - Mardi 29 Juillet 2025 

À 9h00, Rafa et Maria se présentent. Avant qu'il ne rejoigne Rafa, il enlève d'abord les fils de souture de la blessure d'Hyppolythe avec l'aide de Maria (je donne forfait car je tiens beaucoup trop à nos chiens, et j’attrape toujours mal au cœur… ) mais ensuite c’est bien moi qui vaporise  un spray argenté contre les mouches et qui applique le pansement obligatoire. Quand les hommes sont occupés, je descends aussi. Tous deux ont déjà commencé les préparatifs. Le travail le plus lourd et le plus dangereux de la journée est l’abattement du vieux mur de la véranda. Ensuite, il faudra extraire  le pavement, sans parler du reste. Malgré le vent violent qui souffle et qui fait voler la poussière du perçage, du renversement et de la chute de morceaux de mur dans toutes les directions, les chiens sont en poste et je me risque à filmer les événements avec pour résultat que je me retrouve bientôt couverte de poussière, comme les restes du mur. Devant la porte en fer de ce qui était autrefois l'une des entrées, Astrid me regarde et, malgré le fait qu'elle se trouve dans un brouillard de débris et de poussière, elle ne cède pas et ne me perd pas de vue, une seconde. Lorsque les autres chiens reviennent au compte-gouttes et que je me prépare à remonter après le tournage, elle se dirige vers l'autre porte pour m'attendre, après quoi elle se presse contre moi et nous montons ensemble. Quand une heure plus tard, je redescends, Hyppolythe marche derrière moi. Ce qui me fait peur c’est son bandage qui a à moitié lâché  et j'ai très peur des mouches. Quoi qu'il en soit, je suis juste à temps pour voir le dernier morceau de mur s'effondrer de manière spectaculaire. Puis je me dépêche de remonter à l'étage pour refaire le pansement d'Hyppolythe. Les hommes attendent toujours le conteneur commandé...Cela fait 4 fois qu’ils ont promis de venir le livrer. Ils viennent enfin le placer et les hommes peuvent commencer à le remplir. À 15 heures, ils sont tous les deux éreintés et décident de s'arrêter. Comme toujours, Dirk est noir comme de la suie et a de la peine à respirer.

Le mardi, ils recommencent à 10h00 et remplissent le conteneur avec les restes de la salle de réveil. Cela symbolise, pour ainsi dire, une grande partie de nos vies. Quand je vois ce qui reste de ce qui était autrefois, je ne vois que les coûts augmenter et augmenter. Des nouveaux murs, une nouvelle salle de récupération, de nouveaux climatiseurs, un nouveau sol et puis de nouvelles fournitures pour le confort des chiens ... Tout, tout doit être renouvelé En ce qui concerne la construction, cela signifie pendant de longues semaines, la présence obligatoire d'ouvriers, de longues semaines pendant lesquelles les chiens excités, des semaines d'entrées et de sorties, des semaines de saletés et encore de saletés. Cela signifie également beaucoup d'appels à l'entrepreneur pour savoir où se trouvent ses ouvriers et s'ils viennent parce qu'ils n'ont pas de parole. S'ils disent qu’ils viendront  le lundi à 9h00, ils se pointent le mercredi à 11h0. Ensuite, ils prennent le petit-déjeuner pendant une heure avant de se mettre au travail et à 16h00, ils vont manger pendant une heure et demie dans le restaurant du coin et repartent à 18h00  ou à 19h00, au plus tard ... Des ouvriers espagnols ou sud-américains, qui ne sont pas des artisans, sont très stressants. Le nettoyage de la clinique n'aura pas beaucoup de sens parce que les travailleurs y vont aux toilettes, ce qui en dit assez. Je n'aime vraiment pas ça. Sans parler de nos sous... Pendant ce temps, Rafa et Dirk continuent, sans s'arrêter pour manger. A cause des masses de poussière qu'ils ingurgitent, ils boivent d'autant plus. Heureusement ils ne prennent que de l'eau et du coca. À 14h30, ils s'arrêtent. Après la douche et une collation, Dirk s'endort devant la télé qui diffuse le «  Tour de France » féminin.

Mercredi 30 Juillet 2025

À 10h00, Rafa et Dirk se remettent à remplir, avec une énergie renouvelée, le conteneur qui est plein jusqu’au bord. Il y a là des kilos et des kilos de pierres, de tuiles, de fer tordu, de plastique fondu, de gravier et de poussière, beaucoup de poussière et tout cela en montant et descendant de l’échelle, sans cesse. Espérons que nous sommes arrivés aux derniers restants  de l'incendie car nous avons l’impression qu’il s’agit d’une histoire sans fin. Mais l'espoir fait vivre et il faut continuer à œuvrer avec acharnement, n'est-ce pas ? L'entrepreneur est attendu pour midi. Il est plus tôt 13h00, avant qu’il ne se pointe avec un de ses ouvriers et cela après un appel téléphonique de Dirk. Après quoi, il commence à mesurer les dégâts dont on a l’impression qu’ils ne finissent pas. Tous les câbles électriques et les prises doivent être renouvelés tout comme les climatiseurs. Pour la sécurité des chiens, un mur doit être construit jusqu'à la rue car il n'y a pas de clôtures et les nouvelles plantations nécessitent, à mon grand regret, des années avant qu'elles ne soient assez grandes et solides et il ne me reste plus assez longtemps... Avant tout, il faut construire une nouvelle salle de réveil pour les chiens, une avec un sol antidérapant car le précédent a fondu, une avec des fenêtres et des portes plus grandes, une avec un toit solide au-dessus de leurs têtes et avec des murs solides tout autour et des portes etc… etc… Ça ne s'arrête pas parce qu'il faut tout prendre en compte, c'est incroyable tout ce que ça implique. Entre les blagues de l'entrepreneur, j'ai la tête qui tourne et je me dis «et dire que j'ai presque 80 ans et que maintenant je suis encore obligée d’entreprendre une opération d’une telle envergure, un travail qui va engloutir tant de sous ? »J’en ai bien peur car jusqu'à présent, il n'y a pas eu de réponse de la compagnie d'assurances. Nous verrons bien. Après la visite de l'entrepreneur & Co, nous pouvons nous attendre, cette semaine, à son offre de prix...

Ce soir ou demain, on nous apportera les premières clôtures afin d’écarter des « cambrioleurs » qui pourraient venir du « ravin » où se trouve le conteneur. Après leur départ, Rafa et Dirk continuent encore à déblayer pendant une heure supplémentaire. Ensuite, ils sont obligés de s'arrêter à cause de la chaleur et de l'épuisement…